(Abandonne tout espoir, toi qui entre ici)
Trêve de plaisanteries. Je vais vous raconter une histoire vraie, une anecdote de mon quotidien. Comment je vis ma vie, sans faux-semblants ni travers cachés, moi tout entier et tout vrai. Et vous allez voir, c'est spécial ^^
Ce matin (en tout cas le matin du jour où j'ai commencé à écrire cette histoire, qui encore une fois, est tout à fait véridique) dans le métro, au moment de sortir, un demi-pas - car c'était ce qu'il me restait à franchir jusqu'à la porte du métro - amena l'un de mes pieds plus proche de la sortie du train que l'autre juste au moment où celui-ci s'arrêta en gare.
La question fût alors : quel pied avancer en guise de prochain pas ? Choisir le pas le plus pragmatique, avancer le plus avancé, le plus proche du quai, ou bien le pas nonchalant, j'ai avancé précédemment le pied droit, au tout du gauche, même si cela me rajoute un pas à faire en plus par rapport à l'autre solution.
Je ne m'étais pas tellement posé la question, qu'elle m'apparaissait comme une question naturelle, que j'aurais dû me poser - que je me serais habituellement posée. Comprenez par-là, que j'étais fatigué, et plutôt que d'y songer avant de choisir mon pas, j'y ai pensé alors que j'effectuait mon pas. Alors que j'avais déjà choisi.
Et une peur m'envahit alors le ventre : je me suis demandé au moment de descendre : est-ce que quelqu'un a-t-il remarqué mon pas ? Et si, dans le wagon, se trouvait éventuellement la femme de ma vie, a-t-elle été déçue de mon choix ?
Je me maudissais dans un premier temps de ne pas avoir été plus rigoureux dans l'approche de mes actes. Et puis rapidement, je me suis dit que j'étais bien bête de m'en faire : effectivement, un simple pas ne devrait jamais décider de l'appréciation de ma personnalité. Et pour une raison qui coule de source : parce qu'évidement, tellement de raisons opposées sont envisageables pour expliquer n'importe lequel du choix que j'aurais pu choisir, qu'il est stupide de choisir une de ces explications arbitrairement, et que l'éventuelle femme de ma vie ne s'abaisserait jamais à cela.
J'aurais pu choisir le pas nonchalant, car emporté par le présent et le flot de mes pensées, que pour quelque chose d'aussi rudimentaire, je laisse les réflexes acquis s'en charger. Je suis un romantique, qui rêve du présent et qui n'a pas besoin de se préoccuper - quand il pense à des milliers de choses plus belles et plus importantes - de quel pas choisir pour sortir du métro, dans une telle situation.
Ou bien j'aurais pu choisir le pas pragmatique, parce que je suis dans une réflexion permanente, et même pour un simple pas, je ne me limite pas à la solution la plus évidente. Je suis dans une spéculation perpétuelle, signe probable d'une culture et d'une personnalité appréciables, notamment dans ce monde où chacun cherche à se fondre dans la masse, un vent de fraîcheur par cette unicité d'un raisonnement naturel, d'une méditation de tout instant.
Mais j'aurais pu choisir le pas pragmatique, parce que trop désabusé, je me sentais las ce matin-là, et que fatigué de la vie, je préférais rester dand l'inaction plutôt que l'action. Partisan du moindre effort, il a même peut-être été évident pour moi de choisir ce pas du moindre effort. Un comprtement, et pire, un personnalité, un personnage peu attrayant !
Ou bien j'aurais pu choisir le pas nonchalant par stupidité. Plus que par stupidité, par simplicité. Une absence totale et effrayante de réflexion, un esprit qui choisit automatiquement la solution évidente. Pied gauche. Pied droit. Inspire. Expire. L'habitude comme source de réflexion. Un personnage triste, pauvre, presque pathétique.
Comment est-ce que la femme de ma vie pourrait-elle trancher la raison de ma marche ? Il n'y avait donc bien rien pour quoi s'inquiéter. Et puis si elle avait choisi arbitrairement, c'est qu'au final, elle n'était pas la femme de ma vie.
J'ai été stupide de m'inquiéter !
Mais surtout, j'ai été stupide stupide de penser que n'importe qui d'autre que moise serait posé la question. Car j'avais en effet bien pensé "Je suis bête de m'inquiéter, ça ne révèle rien sur moi", et non pas "Je suis bête de m'inquiéter, personne ne pense à ce genre de chose".
Et pour en rajouter, je me suis dit ensuite sur le chemin de l'université, que c'est surtout l'écartement relatif des jambes, par rapport à ma taille et rapport aux dimensions du train et à l'écartement au quai du wagon qui décide en fait du pas finalement choisi . Ce sont en fait en général des statistiques, et non pas de la psychologie ni de la philosophie. À moins que, inconsciemment, j'ai choisi cette position de mes pieds pour me retrouver face à ce dilemme... (Et puis de toute manière, ceci est vrai, mais à quelques positions près, ou les deux pas sont en fait tous les deux en compétition - et j'étais bien dans une telle position... mais quand-même...).
Et le pire, c'est que j'ai vraiment pensé à tout cela.
Je ne sais pas, mais parfois j'ai l'impression que je me complique la vie...